[Retour sur l’actualité] : Le père Serge Martin Ainadou est prêtre du diocèse de Cotonou, en mission à l’École d’évangélisation « Jeunesse Lumière » en France. Chaque semaine, il propose une réflexion sur l’actualité.
Dans une note intitulée « pandémie et fraternité humaine », publiée le 30 mars 2020, l’Académie pontificale pour la vie a constaté qu’au milieu de notre euphorie technologique, nous nous sommes retrouvés socialement et techniquement non préparés à la propagation du Covid-19. « Nous avons eu du mal à reconnaître et à admettre son impact », déclare le document, introduisant une série d’analyses sur les conséquences de cette crise sanitaire.
Il s’agit alors d’anticiper, en mettant maintenant en rapport une double urgence épistémologique, susceptible de présider à un prochain choix éclairé de modèles économiques voire politiques. La première urgence, c’est cette nouvelle approche globale et structurelle de l’homme qui n’est pas un « amas » de cellules, mais une « personne humaine » digne de respect depuis sa conception jusqu’à la mort. La seconde urgence, c’est cette vision éthique fondamentale et incontournable sur la responsabilité de l’homme, inséré dans une trame complexe d’interdépendance avec le reste de la communauté.
Dépendre des autres
Le cardinal Robert Sarah, à ce sujet, dans son ouvrage « Le soir approche et déjà le jour baisse » constatera que la plus grande erreur de l’homme moderne, c’est de refuser de « dépendre ». Et si pour l’homme post-moderne, le souci du « bien commun » n’est que de seconde zone – chacun s’estimant libre de tout, même de Dieu – le voici, cet homme, paradoxalement confiné afin de se rendre plus solidaire de l’autre et de survivre tous « ensemble », et non pas en rang dispersé, à la maladie. Qui l’eût cru ? « Nous vivons douloureusement un paradoxe que nous n’aurions jamais imaginé. On n’est donc pas si libre ! »
A lire : Covid-19 : la communauté virtuelle
Pour se sentir vraiment responsable de l’autre et de toute la communauté, on n’a pas le choix que de développer une conscience plus grande de la notion anthropologique du « vivre ensemble comme dans un même enclos parental » ; et, par voie de fait, opter de toute urgence pour une « contribution réflexive au sens et aux valeurs de la personne humaine dans une communauté » au même titre que la recherche de médicaments et de vaccins contre le Covid-19.
De l’Amérique en Asie, passant par l’Europe, le Covid-19 aura ainsi dispersé la fumée de l’illusion d’une « toute-puissance » exclusive, obligeant chacun, à reconsidérer très rapidement certains modèles dits de « prospérité ». Cette situation devrait même obliger nos dirigeants africains à rompre, à bien d’égards, d’avec le mimétisme pour ne s’inspirer que de valeurs qui promeuvent la personne humaine recherchent son bien-être intégral.
« Les décisions politiques, devront certainement tenir compte des données scientifiques, mais elles ne peuvent être réduites à ce niveau », précise en effet l’Académie pontificale pour la vie.
Père Serge Martin Ainadou
Articles liés
-
Peut-on être croyant sans être pratiquant ?
Peut-on être croyant sans être pratiquant ? La question mérite d’être posée car il n’est pas…
-
Mgr Jaeger : « Ne pas être insensibles à la détresse des migrants »
Interrogé au matin du démantèlement de la « jungle » de Calais, Mgr Jean-Paul Jaeger a estimé que…
-
Le gouvernement rwandais demande aux religieux de promouvoir l’adoption
Pour réduire le nombre d’enfants orphelins, une commission gouvernementale appelle les responsables religieux du pays…
-
Les religieux assomptionnistes veulent promouvoir l’intégration africaine
Du 4 au 14 août, les religieux assomptionnistes du Burkina Faso ont organisé, à Accra, la…
-
Le pape Paul VI devrait être canonisé fin octobre 2018
Le pape Paul VI pourrait être canonisé fin octobre 2018, a précisé le numéro deux…
-
La Bulgarie interdit le port du voile intégral en public
La Bulgarie devient ainsi le troisième État européen à adopter une telle disposition. Le parlement…
-
La CEDH valide l’interdiction du voile intégral en Belgique
Mardi 11 juillet, la cour européenne des droits de l’homme a considéré que les restrictions…
-
Au Kenya, un réseau religieux pour promouvoir la paix en Afrique est lancé
Au terme de trois jours de conférence à Nairobi au Kenya, un réseau religieux pour…
-
Élections américaines : les prêtres ne doivent pas être partisans
Se gardant de se prononcer pour l’un ou l’autre candidat à la présidentielle, les évêques…
-
La chronique du Père Augustin: Peut-on être chrétien seul ?
Le P. Augustin Obrou est prêtre du diocèse d’Abidjan. Urbi & Orbi Africa publie régulièrement ses…